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Le Récap du 31/01/2020

RETRAITES

  • Le très officiel Conseil d’Etat rend un avis très critique sur la réforme des retraites et fustige la méthode du gouvernement : projections financières « lacunaires », « différences de traitement, recours aux ordonnances, etc.
  • La promesse de revalorisation du salaire des enseignants pourrait également être frappée d’inconstitutionnalité telle qu’elle est actuellement présentée, et ne jamais s’appliquer
  • La perte attendue pour les femmes avec enfants se confirme, avec pour certains cas des pertes de plus de 15% des droits à la retraite (née en 1990, mère de 2 enfants, carrière complète au SMIC, retraite à 62 ans)
  • La mesure d’âge pivot creusera les inégalités : toutes les personnes commençant à travailler avant 21 ou 22 ans seront pénalisées, et les autres avantagées. Elle favorisera donc les personnes ayant fait de longues études et pénalisera ceux ayant commencé leur carrière plus jeunes : si cette borne est fixée à 65 ans en 2037, un ouvrier qui commencerait à travailler à 20 ans et cotiserait 43 ans perdrait 10% de sa pension, quand un cadre démarrant à 24 ans bénéficierait d’un bonus de 10% en travaillant exactement la même durée)
  • Par ailleurs, la décote réelle en cas de départ avant l’âge pivot serait en réalité de 7% à 8%, et non de 5% : en effet en plus du « malus » de 5% qui s’applique, partir plus tôt entraînera aussi moins de points cotisés pour la retraite, diminuant d’autant plus le montant de sa pension
  • La part allouée aux retraites dans les richesses du pays sera non pas stable à 14% (ce qui était déjà un problème) mais sera en réalité en baisse pour passer en dessous de 13% dès 2050. Il s’agit d’une baisse des retraites 0,3 à 0,5 points de PIB en 30 ans par rapport à la trajectoire prévue sans la réforme
  • Anecdote révélatrice : le patronat lui-même réclame finalement le maintien de la retraite par répartition et s’oppose à l’extension de la capitalisation pour les hauts salaires, reconnaissant que les hauts cadres y perdraient
  • L’étude d’impact du gouvernement, dont le rôle constitutionnel est de fournir aux parlementaires les éléments d’analyse de la réforme, fournit des chiffres faux ne tenant pas compte des propres textes de la réforme, et truquant les comparaisons :
    • L’étude ne tient en effet pas compte de l’âge d’équilibre de la réforme, ni sur la date de départ à la retraite, ni sur la décote : les cas types fournis pour les générations nées après 1980 sont tous faux, surestimés de 7% pour la génération 1990 et encore plus au delà
    • Alors même que les cas ont été choisis favorablement par le gouvernement (voir ci dessous), une fois les vrais chiffres calculés, la majorité des cas sont perdants avec la réforme
    • Pour arranger les chiffres de la réforme, l’étude d’impact prend aussi l’hypothèse d’une revalorisation du SMIC de 53% en 15 ans (entre 2025 et 2040) alors qu’il n’a augmenté que de 26% ces 15 dernières années, et augmenterait à un rythme inédit depuis 2006
    • L’étude d’impact reprend également les mêmes trucages que le simulateur du gouvernement (choix de carrière complète et sans aucune évolution de salaire) pour masquer les effets négatifs de la prise en compte de toute la carrière dans le calcul des pensions
    • Les cas qui montraient les effets négatifs pour les femmes ont été retirés de la version définitive de l’étude d’impact : il s’agissait pourtant de cas orientés favorablement (« oubli » de la prise en compte de l’âge pivot, et attribution totale à la femme des bonifications par enfant prévues par foyer)
    • La trajectoire des dépenses de retraites correspondant à la situation actuelle sans réforme, censée permettre la comparaison dans l’étude d’impact, a en réalité été dégradée par rapport à la vraie situation actuelle pour arranger la comparaison
  • Selon nos informations, le projet de réforme de retraite dite « universelle » (et notamment le seul point positif – bien qu’extrêmement limité – de celle là qu’est le minima à 85% du SMIC) n’inclut pas les paysans des départements d’outre-mer, pour qui la situation sera « réglée ultérieurement et par ordonnance ».
  • Nous avons mis à jour le résumé dédié à la réforme des retraites et ses nombreuses régressions : à lire ici

SOCIÉTÉ

  • Les députés de la majorité votent contre la mesure visant à étendre à 12 jours les congés pour le décès d’un enfant, jugeant « trop facile de s’acheter de la générosité sur le dos des entreprises ». Plus tôt dans le processus parlementaire, ils avaient déjà tenté de vider de sa substance la proposition de loi, alors que de tels drames ne concernent « que » 4500 enfants de moins de 18 ans par an
  • La ministre de la Justice Belloubet considère, en dépit du droit, que « l’insulte à la religion est une atteinte à la liberté de conscience » donnant l’impression de vouloir réinventer le délit de blasphème … avant de se rétracter sous les critiques

ÉDUCATION

  • Sur demande du rectorat, un lycée a voulu forcer les étudiants à passer dans la même journée les trois premières épreuves du contrôle continu (E3C) prévues dans la semaine. Pendant près de 2h, les étudiants ont été séquestrés dans l’établissement par la direction : les issues de secours ont été cadenassées, les lignes téléphoniques coupées, l’alarme incendie coupée
  • Ailleurs en France, le reste des épreuves du nouveau Bac « E3C » s’accompagnent de nombreuses interventions policières dans un climat tendu et la sidération du corps enseignant

ÉCONOMIE

  • Dans une récente étude, l’INSEE chiffre que des mesures sociales comme une hausse de 5% du RSA et de la base de calcul des allocations familiales, ainsi qu’une hausse des aides au logement, auraient coûté 2.4 milliards d’euros uniquement
    • C’est moins que ce qu’a coûté la fin de l’ISF dont ont bénéficié les plus riches, qui aurait pu permettre de financer les mesures ci dessus.
    • Au contraire, ces aides pour les plus pauvres ont été augmentées moins que l’inflation (voire ont été en baisse pour les APL)

VIOLENCES POLICIÈRES

  • La Commission consultative des Droits de l’Homme condamne les violences policières « illégitimes »
  • E. Macron pose tout sourire, et en connaissance de cause, avec un t-shirt faisant allusion aux personnes éborgnées par les LBD. A cette date, au mois 25 personnes ont été éborgnées par la police, dans une totale impunité
  • Après en avoir encouragé l’usage en dépit des blessés graves, le ministre de l’Intérieur Castaner annonce avec renfort de communication le « retrait de la grenade GLI F-4 ». Plus fabriquée depuis 2014, elle est en réalité remplacée par la grenade GM2L, de dangerosité équivalente

LIBERTÉS

  • Le ministère de la Solidarité et de la Santé interdit que les sujets pour le diplôme d’Etat d’assistant de service social contiennent des éléments critiquant la politique du gouvernement
  • Un lycéen de 14 ans est placé en garde à vue pour avoir placé un plot de chantier devant son lycée
  • Parce qu’il avait manifesté devant leur lycée contre la réforme du bac « E3C », des lycéens se voient interdits de participer à une épreuve de contrôle continu du bac, et attribués la note de 0/20
  • Un retraité a été interpellé et placé en garde à vue après avoir refusé de retirer des autocollants politiques de sa veste : une pratique qui n’est bien sûr pas autorisée

ET AUSSI

  • Alors que le pays traverse une crise sociale et de nombreux chantiers, le Premier Ministre Philippe annonce se présenter en parallèle aux élections municipales et prévoit de cumuler les deux mandats
  • La Cour européenne des droits de l’Homme condamne la France pour les conditions de détention dans des prisons surpeuplées
  • Ingérence d’E. Macron dans une décision de justice, poussant la Cour de Cassation à émettre un communiqué pour rappeler à l’ordre le président de la République vis à vis de l’indépendance de la justice
  • Ingérence du président de la République E Macron dans la campagne pour les élections municipales de Paris
  • A défaut de preuves établies, l’octroi de la Légion d’honneur au procureur qui vient de classer sans suite l’enquête préliminaire sur l’éventuel détournement de fonds publics lors de la campagne électorale d’E. Macron à Lyon, alimente les soupçons

OUF ?

  • Le Conseil d’Etat inflige finalement un camouflet au gouvernement, en suspendant la « circulaire Castaner » avant les municipales : cette circulaire avait pour objectif (notamment) de ne plus attribuer de couleur politique aux villes de moins de 9000 habitants, excluant ainsi 96% des villes et 50% du corps électoral de la comptabilité, et visant également à gonfler la couleur à laquelle s’identifiait LREM

Sources: https://macron.watch/le-document/