Accueil » Le Récap du 29/11/2019

Le Récap du 29/11/2019

RETRAITES

  • Pour tenter de justifier le besoin de réformer le système de retraite, le gouvernement commande un nouveau rapport au Conseil d’Orientation des Retraites qui s’avère « biaisé » : en réalité, alors le même organisme a déjà établi en juin un retour à l’équilibre du système de lui-même entre 2040 et 2050, il a été demandé d’interrompre les calculs en 2030 de façon à ne pas faire apparaître le retour à l’équilibre sur le nouveau rapport. Les graphiques commencent également en 2010, ne faisant pas non plus apparaître que des épisodes de déficit puis de retour à l’équilibre ont déjà eu lieu. Les résultats sont communiqués en chiffres absolus, en non plus en % du PIB, masquant la réalité du faible montant du déficit envisagé : uniquement de 0.3 à 0.7% selon les comptabilités utilisées. A titre de comparaison, l’argent perdu par la suppression de l’ISF représente environ le même montant en seulement 3 à 5 ans.
  • Par ailleurs ce déficit (dont il convient de rappeler à quel point il est donc faible et temporaire), s’avère être dû non pas à une hausse des dépenses du système, mais en quasi totalité à une baisse des recettes. L’organisme lui-même mentionne qu’il s’explique par les choix politiques qui ont été faits de diminuer le montant de cotisations de l’Etat via la baisse du nombre de fonctionnaires, et les politiques d’exonération de certains emplois.
  • Enfin les ressources disponibles du « fond de réserve des retraites » avec plus de 32 milliards (soit 3 fois le déficit moyen qui est attendu), et la disponibilité de 16 à 18 milliards annuels d’ici 2024 (issus de la fin du recouvrement du déficit de la Sécu par la CADES), permettant (plus que) le financement du système actuel, semblent avoir été « oubliées » par le gouvernement…
  • Alors qu’il est établi que la réforme impactera négativement tous les travailleurs (voir récaps précédents, mais notamment du fait de la prise en compte de la carrière complète pour le calcul des pensions et non plus des meilleures années, et des possibilités de révision à la baisse dues à la nature même d’un passage à une retraite par points variables) les impacts commencent à être mieux chiffrés pour certaines catégories professionnelles.
    Ainsi, les impacts de la réforme des retraites sur les enseignants indiquent une diminution du montant des pensions allant de 20% à plus de 30% selon les cas considérés.
    Les impacts de la réforme des retraites sur défavorable aux mères de 1 et 2 enfants dans la plupart des situations, et pire pour les familles avec 3 enfants. Seraient en effet supprimées, la majoration de durée d’assurance qui apporte aux mères 8 trimestres supplémentaires par enfant, la majoration de pension de 10% à l’arrivée du troisième enfant qui est versées aux 2 parents. A la place, une majoration de 5% par enfant … mais versée à un seul parent (!).
    Ainsi, pour une femme ayant gagné 15 000 € par an et validé 152 trimestres (soit 38 ans), le manque à gagner s’élèverait à 750 € par an après un enfant, et jusqu’à 1 633 € par an après deux enfants. La perte s’aggrave si le salaire annuel est de 40 000 € : 2 000 € en moins pour un enfant et 4 354 € en moins pour deux enfants.
  • Pas en reste dans l’effort de propagande gouvernemental, France Info relaye le témoignage pro-gouvernement d’un « plombier » favorable à la réforme des retraites, alors qu’il s’agit d’un militant LREM, chef d’entreprise gagnant 6600€ net mensuels

LUTTE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

  • Alors que d’un côté les colleuses anti-féminicides (qui collent des affiches sur les murs des rues pour dénoncer les féminicides) sont régulièrement inquiétées par la police et verbalisées, Matignon a tenté de récupérer leur action en leur proposant de participer à son plan comm’ pour les annonces du 1er Ministre au Grenelle des violences conjugales (elles ont évidemment refusé)
  • À l’issue de ce Grenelle, le premier ministre dévoile une série de mesures dont bon nombre existent en réalité déjà, ou qui étaient déjà annoncées: présentée comme « nouvelle », l’ordonnance de protection qui existe depuis 2010 permet aussi d’interdire la détention d’une arme pour les conjoints violents. L’aménagement ou la suspension de l’autorité parentale du conjoint violent est déjà possible dans le cadre de l’ordonnance de protection. La médiation pénale annoncée est déjà prévu depuis 2014 dans la loi pour l’égalité réelle entre les hommes et les femmes, depuis la ratification de la Convention d’Istanbul. etc.
  • Pas plus d’effort sur le financement, qui se fera sans réel budget supplémentaire : le plan d’investissement est le même que celui déjà annoncé en octobre (voir recaps précédents) dont le comptage s’était révélé particulièrement trompeur (seulement la moitié réellement garantie, les 3/4 sont des programmes à l’étranger, certaines sommes déjà existantes, la plupart sont des sommes étalées sur des années, etc). Et l’effort dans la formation des professionnels est limitée aux seuls enseignants avec un cadre flou (pas de détail de quantité, ni de personnes, ni de budget)
  • Par contre, le ministère du Travail met un coup d’arrêt à son réseau de formation sur les violences faites aux femmes (alors que la France vient juste de s’être fait reprocher, par un rapport du Conseil de l’Europe, ses lacunes en matière de violences contre les femmes)…

VIOLENCES POLICIÈRES / JUSTICE

  • La Cour de justice de l’Union européenne estime que l’indépendance des procureurs français n’est pas suffisamment garantie, et la France pourrait se voir retirer le droit de délivrer des mandats d’arrêt européens
  • L’IGPN s’illustre encore dans une nouvelle enquête, en couvrant à nouveau des violences policières qu’elle reconnaît pourtant par ailleurs : alors qu’elle dispose de leur liste nominative, aucun des 13 policiers (hors commandant) de l’unité mise en cause n’est auditionné, pas même celui qui est formellement identifié sur les images. De son côté la hiérarchie policière se dit incapable d’identifier les autres policiers, dont plusieurs sont pourtant identifiables à des signes distinctifs de tenue et d’armement
  • Le ministre de l’intérieur Castagner envisage de confier à l’avenir une partie du maintien de l’ordre à des entreprises privées
  • La police tire au LBD sur des lycéens pour les disperser d’un blocage (ces armes controversées, pouvant causer des mutilations irréversibles, sont censés être des armes de défense)
  • L’Etat passe encore une nouvelle commande de LBD pour un montant de 1.6 millions d’euros

ET AUSSI

  • Depuis le début quinquennat, les salaires des ministères flambent : Affaires étrangères +70%, Secrétaire d’Etat aux Armées +71%, Solidarité et Santé +22%, Justice +32%, Économies et Finances +39%, Travail +23%
  • Le gouvernement envisage de supprimer « avant fin 2019 » la « Commission scientifique des collections » des musée nationaux. Cette commission est souveraine dans les décisions portant à pouvoir céder, vendre, etc. des biens nationaux des musées, pour protéger les collections publiques. Ce principe, toujours respecté même sous les royautés depuis 1566, serait alors menacé : la plupart des biens nationaux pourraient être vendus par les élus comme des ressources quelconques
  • La ministre du travail Muriel Pénicaud intervient en faveur d’un chef étoilé qui devait être condamné par l’inspection du travail pour non comptabilisation des heures supplémentaires de ses employés : alors qu’il aurait du être condamné à 13000 euros d’amende, il ne reçoit qu’un simple avertissement
  • Pendant ce temps les Restos du Cœur s’inquiètent d’accueillir de plus en plus d’étudiants : la proportion de jeunes entre 18 et 25 ans a augmenté de 50% depuis 2011, et la moitié des bénéficiaires ont moins de 26 ans

Sources: https://macron.watch/le-document/