SANTÉ
- Le plan pour l’hôpital public annoncé par E. Macron lors de son déplacement à Mulhouse le 25 mars est confié pour étude à la Caisse des Dépôts et Consignations. Or cette dernière, qui détient 38,8% de « Icade Santé » spécialisée sur le marché de l’immobilier sanitaire, est donc impliquée dans l’hospitalisation privée lucrative, faisant craindre une étude biaisée. (source)
- L’étude prévoit la création « d’un fond de dette » commun qui prêterait aux hôpitaux, mais aussi « préférablement » aux mutuelles contrôlant les Etablissements Privés de Santé à But non Lucratif (Espic). Pourtant ces derniers ne représentent que 14% des lits, contre 61,6% pour l’hôpital public, et leurs comptes sont désormais excédentaires avec un endettement en baisse (source) (source)
- Ces établissements, qui ne se sont pas soumis aux réglementations de salaire de la fonction publique, peuvent offrir des rémunérations plus attrayantes pour débaucher les médecins de haut niveau : au détriment de l’hôpital public. (source)
- L’étude omet les besoins en fonctionnement (lits, personnel, etc) et n’envisage pas d’augmentation de leurs montants pour sortir de l’austérité. Pour rappel, pour l’année 2020, c’était plus d’un demi milliard d’euros d’économie qui était demandé au secteur, après 650 millions en 2019 et 960 millions en 2018. (source) (voir aussi notre récap précédent)
- L’étude préconise de multiplier les Partenariats Publics Privés (PPP). Pourtant, la Cour des Comptes elle-même a alerté à plusieurs reprises contre leur usage pour l’hôpital, et appelé à les limiter dans ce cadre : sources de multiples dysfonctionnements avérés, ils créent des surcoûts non contrôlés au profit d’entreprises privées, et ne permettent pas la réactivité technologique nécessaire à l’hôpital (source) (source) (source) (source)
- L’étude propose aussi de transformer des navires de croisière en navires-hôpitaux, reprenant une idée de Donald Trump, sans que la pertinence pour le cas français soit éclatante. En revanche, l’Etat a engagé de l’argent public dans le secteur des croisières, notamment au profit du groupe MSC (détenu par le cousin d’Alexis Kohler secrétaire générale de l’Elysée), dont l’économie comme celle des autres croisiéristes est aujourd’hui à l’arrêt (source)
- On apprend que dès le 29 janvier, l’ex-responsable du « plan pandémie » (plan qui établit au niveau national les conseils à appliquer pour freiner une pandémie), et ancien secrétaire général de la Défense et de la Sécurité nationale, s’inquiétait devant des journalistes que le « plan pandémie » n’ait pas été déclenché. Ce plan prévoit en effet depuis 2009 d’être enclenché dans des circonstances qui étaient celles de l’apparition du coronavirus à cette date (source) (Canard Enchainé du 25 Mars 2020)
- A l’heure actuelle, les hôpitaux sont sur le point de manquer de médicaments pour pourvoir placer les malades en réanimation, ainsi que d’appareil respiratoires, manquent de tests, de lits et de masques (source) (source) (source) (source) (source)
ÉCONOMIE
- Le ministre de l’Action et des comptes Gérald Darmanin lance une plateforme de dons pour un « grand appel à la solidarité nationale » afin que les Français eux-mêmes donnent pour renflouer les entreprises en difficulté. Il y a un an, il justifiait la suppression de l’ISF, le qualifiant « d’impôt idiot » (source) (source)
- Pour soutenir les recherches sur le Covid-19, La fondation CNRS (dont le rôle est de soutenir la recherche publique) lance … un appel aux dons. Rappelons que pour soutenir l’effort de la recherche scientifique E. Macron n’a en effet annoncé que 0,5 milliard par an (source) (source)
AFFAIRES
- Ce n’est que 7 jours après la déclaration de l’état d’urgence international déclenché par l’OMS le 31 janvier, que le gouvernement passe commande pour des masques FFP2 : la commande ne porte que sur moins de 30 millions de masques, et est faite par des procédures de marché non adaptées aux situations d’urgence. A cette date le pays ne dispose d’aucun stock de masque FFP2 et la seule commande précédente en cours n’est que de 1.1 millions. La protection du personnel soignant nécessite plus de 40 millions de masques par semaine (source)
- La difficulté d’atteindre l’objectif de 28.4 millions de masque FFP2 (seulement) est officiellement actée en interne par le ministère de la santé le 11 février, reconnaissant des difficultés d’approvisionnement. Pour autant, à peine une semaine plus tard, le ministre de la santé Olivier Véran annonce que la « France est prête » face au « risque pandémique » (source)
- Le besoin d’une commande supplémentaire de 175 millions de masques FFP2 n’est identifiée que le 25 février. A cette date, l’Italie est pourtant déjà contrainte d’ordonner le confinement de dix villes de sa région nord (source) (source)
- La cellule de crise dédiée au Coronavirus n’est officiellement « activée » que le 4 mars. En un peu plus de 3 semaines d’’existence, elle n’a été en mesure d’obtenir que 40 millions de masques, toutes origines comprises (soit seulement une semaine de consommation au rythme actuel). (source)
- Mal interprétée, la consigne de réquisition a en effet eu pour conséquence d’assécher les circuits traditionnels d’approvisionnement. Et des mises en contacts avec des industriels étrangers ont été rejetées sans même les contacter, alors que d’autres offres ont pris une semaine à être étudiées. (source) (source)
- L’importation de masques aux normes non-européenne n’est autorisée que le 27 mars (source) (source)
- Des entreprises dans des secteurs « non essentiels » de l’économie ont continué à consommer des masques. L’avionneur Airbus, semble avoir bénéficié d’un traitement de faveur entre le 20 et le25 mars : pendant ce temps, des personnels soignants continuaient à travailler sans ces masques protecteurs, faute de stocks suffisants (source)
- Ces derniers jours, alors même que leur usage est désormais restreint en deçà des recommandations usuelles et des normes de sécurités, l’Assistance publique Hôpitaux de Paris (APHP) consomme 110 fois de masques qu’elle n’en reçoit des autorités (source)
- Au 31 mars, l’APHP, qui emploie 100000 professionnels sur 39 hôpitaux comptait moins de 2,4 millions de masques en stock. Selon les chiffres officiels, le nombre de professionnels de l’APHP contaminés depuis le début de l’épidémie s’élève désormais à 1200 personnes dont près de 40% de médecins (source) (source)
- Le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire place Françoise Holder, amie d’E. Macron, pour siéger à la Caisse des Dépôts et Consignations, bien qu’elle n’ait aucune expérience ni en finance ni à la sphère publique (ce qui a conduit le comité d’examen des candidats à émettre un « avis réservé » à son encontre, par « défaut de connaissance« ). Rappelons que le bilan de la Caisse des Dépôts et Consignations approche les 430 milliards d’euros, et qu’il s’agit de l’organisme auquel a été confié l’étude du plan pour l’hôpital public annoncé par E. Macron (source) (source)
- Le droit de réponse de la député LREM Laetitia Avia est démenti par les messages qu’elle a échangé avec sa collaboratrice. Ils confirment que la député a fait pression pour faire revenir à Paris sa collaboratrice, malade et en vacances, alors que le confinement est appliqué en France. Laetitia Avia aurait également fait pression sur sa collaboratrice pour qu’elle revienne sur ses révélations et dissuade la presse de publier à ce sujet (source)
- La mission d’information parlementaire de suivi de la crise du Covid-19, chargée d’auditionner le Premier Ministre Edouard Philippe au sujet de la gestion de l’épidémie de coronavirus et des mesures prises par le gouvernement, est présidée par … par Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale, et ex président du groupe LREM à l’Assemblée (source)
- Plusieurs médecins des deux conseils scientifiques qui accompagnent le gouvernement sur les choix stratégiques à faire pour affronter le Covid-19 ont des liens d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique. (source) (source)
LIBERTÉS
- Une loi organique publiée ce mardi 31 mars au Journal officiel suspend les délais de traitement des questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) jusqu’au 30 juin, sans qu’il n’ait été envisagé de pouvoir les réaliser à distance ces questions potentiellement graves. Cela permet de différer la réponse des hautes juridictions à des recours de citoyens, qui seraient poursuivis ou condamnés sur le fondement de la nouvelle loi sur l’état d’urgence sanitaire, et qui estimeraient qu’il y a une atteinte à des droits fondamentaux. (source) (source) (source)
- Le délai de 15 jours qui doit être respecté entre le dépôt de la loi organique et son examen par le Parlement n’a pas été respecté pour la loi d’urgence sanitaire. Il a été réduit à… 24h en invoquant les « circonstances exceptionnelles » (source)
- Pour rappel : d’autres restrictions des libertés introduites par la loi d’urgence sanitaire ont été détaillées dans notre précédent Récap à lire ici
ET AUSSI
- Selon le Ministère de la Santé, « la charge virale dans l’environnement doit être considérée comme négligeable » et donc la désinfection des espaces publics est « inutile« . Le même jour on apprenait que le Palais de l’Elysée avait été entièrement désinfecté dans le plus grand secret (source) (Canard Enchaîné du 1er Avril 2020)
- Le Préfet de Police de Paris, Didier Lallement, explique que les personnes aujourd’hui en réanimation sont celles qui « n’ont pas respecté le confinement« . Il est désavoué par des scientifiques. 6399 personnes sont actuellement en réanimation (source)
- Malgré la désorganisation engendrée par le confinement, pas de délai supplémentaire est accordé pour le dépôt des dossiers pour ParcourSup (source)