Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Fiscalité des multinationales : « L’accord obtenu est un accord au rabais qui profitera essentiellement aux pays riches »

Les quatorze membres de la Commission indépendante pour la réforme de la fiscalité internationale des entreprises appellent dans une tribune au « Monde » les pays riches, à la veille d’une réunion des ministres du G20 le 13 octobre à Washington, à renégocier l’accord passé le 8 octobre au détriment des pays du Sud

Publié le 12 octobre 2021 à 09h00, modifié le 12 octobre 2021 à 13h19 Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

Tribune. Il y a huit ans, dans la foulée de la crise économique de 2008, les chefs d’Etat et de gouvernement du G20 ont demandé à l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) de s’attaquer à l’évasion fiscale des multinationales, qui coûte au monde au moins 240 milliards de dollars par an.

Le 8 octobre, 136 pays ont signé un accord qui met fin à notre système fiscal vieux de cent ans, reconnaissant pour la première fois la nécessité d’un impôt minimum mondial s’imposant à toutes les multinationales quel que soit le pays où elles déclarent leurs bénéfices, afin de faire disparaître les paradis fiscaux.

L’accord reconnaît aussi enfin le principe selon lequel les multinationales sont des entreprises unitaires opérant dans plusieurs juridictions, et non plus une myriade de filiales qui manipulent les transactions entre elles pour payer le moins d’impôts possible. Leurs bénéfices mondiaux doivent être imposés en fonction de leurs activités réelles dans chaque pays, en fonction des facteurs-clés qui génèrent des bénéfices comme l’emploi, les ventes et les actifs. Les multinationales ne pourront plus déclarer leurs bénéfices où bon leur semble.

Au mépris de l’application du principe d’équité

Mais l’accord obtenu est finalement un accord au rabais, qui, en l’état, profitera essentiellement aux pays riches. Les propositions d’un impôt minimum effectif mondial de 21 % (ou mieux encore de 25 %, comme nous le préconisons) ont été rejetées, au profit du plus petit dénominateur commun de 15 %. Un succès pour l’Irlande, une défaite pour le reste du monde.

Alors que cette réforme aurait pu générer plus de 200 milliards de dollars d’augmentation des recettes fiscales dans le monde avec un taux d’imposition de 21 %, un taux de 15 % ne permettra d’en recouvrir que 100 milliards. Pire, en choisissant d’attribuer en priorité les ressources supplémentaires aux pays où se trouvent les sièges sociaux des multinationales, l’accord donne la part du lion à une poignée de pays riches. Cela se fait au mépris de l’application du principe d’équité dont le G20 avait pourtant convenu, selon lequel les sociétés doivent être imposées dans les juridictions où leurs bénéfices sont générés.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés En Irlande, Emmanuel Macron défend la solidarité européenne

A 15 %, le risque est que ce taux minimum mondial, si bas, ne devienne la norme mondiale, et qu’une réforme qui visait à contraindre les multinationales à payer leur juste part d’impôts finisse par faire exactement le contraire. Les grands perdants seront les pays en développement, déjà les plus affectés par les stratégies d’évasion fiscale des entreprises, mais aussi les petites et moyennes entreprises des pays développés, qui continueront à payer le taux local intégral.

Il vous reste 64.47% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.